TOGO - humanité & inclusion

Communautés Kara-Dapaong

 
 

L’éducation inclusive consiste à créer des environnements d’apprentissage qui répondent positivement aux différents besoins des individus et embrassent la diversité naturelle de l’humanité. Les enfants handicapés font naturellement partie de cette diversité et sont présents dans toute communauté. Pourtant, leur participation à l’éducation est souvent rare, en particulier dans les environnements d’apprentissage ordinaires. [Document cadre, L’éducation inclusive, Handicap International, Juillet 2012]

Le projet vise tout particulièrement à accroître la participation des jeunes filles en situation de handicap dans les écoles publiques existantes. Les jeunes filles sont identifiées dans la communauté, orientées vers des prestataires en soin de réadaptation, puis accompagnées dans des structures éducatives existantes où elles apprennent avec les autres enfants.

Pour garantir une éducation inclusive de qualité, des formations et des ateliers de sensibilisation sont organisés pour les enseignants titulaires et les encadreurs pédagogiques. Un système d’enseignants itinérants spécifiquement formés au handicap visuel, auditif, moteur ou intellectuel est mis en place pour faciliter le maintien et la réussite scolaire des enfants handicapés. Des agents communautaires assurent également un suivi à domicile pour les enfants à déficience lourde.

Au Togo, 58,7 % de la population vit en dessous du seuil national de pauvreté [Rapport sur le développement humain 2014 PNUD]. Le nombre de personnes handicapées dans le pays est estimé à près de 620 000, parmi lesquelles plus de 61 000 personnes seraient à appareiller. De toute la région ouest-africaine, Lomé, la capitale, est la seule ville à abriter une école de formation de techniciens orthopédistes et d'orthophonistes francophones, l’ENAM (École nationale des auxiliaires médicaux).

Source : Fiche descriptive de Humanité & Inclusion, 2014.

Kabiratou Adam est une petite fille de 5 ans qui vit dans la région de la Kara au nord du Togo. Elle va à l’école primaire publique Kpelouwai avec son frère jumeau Kabirou depuis septembre 2015.

Sa mère Mazalo s’occupe de la maison et de son bébé de 9 mois, Radiatou. Outre ses occupations maternelles et ménagères, Mazalo vend des bijoux au marché. Elle a arrêté sa scolarité au secondaire.

Chaque jour Kabiratou va à l’école avec son amie Fozia qui habite dans le même hameau. Elle y va en chaise roulante accompagnée par son père car Kabiratou présente une déficience motrice et intellectuelle.

Depuis son identification par l’APHAK (Association des personnes handicapées de la Kozah), Kabiratou bénéficie de soin d’appareillage et de réadaptation au Centre Régional d'Appareillage Orthopédique de Kara et un soutien en famille. Une fois par semaine, un agent de l’APHAK se rend à la maison de Kabiratou pour lui faire faire des exercices, de la gymnastique comme dit son père.

C’est la vie de toute une famille qui a été transformée. Avant Kabiratou restait seule à la maison et pleurait de voir son frère aller à l’école. Couchée toute la journée, ses muscles s’atrophiaient. Malgré les interventions au Centre hospitalier universitaire de Kara, aucune perspective d’amélioration ne se dessinait.

Aujourd’hui, Kabiratou se réjouit d’aller à l’école pour apprendre et s’amuser avec ses amies comme Fozia. Elle prononce timidement quelques phrases en français. Elle gagne chaque jour un peu plus d’autonomie. Les progrès sont bien réels, en à peine 3 mois.

Toute la fierté du père se lit dans ses yeux lorsque Kabiratou fait ses pas quotidiens à l’aide de deux barres parallèles taillées dans le bois et posées dans la cour familiale. Toute la joie se dessine sur son sourire lorsque Kabiratou lui dit « Papa, regarde-moi ! ». Même la grand-mère Irima se félicite pour sa petite-fille. « Elle est en santé maintenant. » L’amélioration est tangible, le changement est durable, l’avenir est prometteur, un pas à la fois, un mot à la fois.

 
 

 
 

© Dominique & Maria Cabrelli

 

 « Aller à la rencontre des jeunes filles que les organismes accompagnent dans leur développement était la manière la plus lumineuse, la plus humaine et la plus inspirante pour moi de mieux comprendre leur quotidien, d’envisager l’avenir et de partager leur rêve. Au fil de ces rencontres, il m’a semblé toucher à l’essence même de la personne, sa dignité. Leur dignité mais également la nôtre. Une dignité qui s’exprime à travers la capacité des communautés à prendre des décisions qui auront un impact positif. Mais aussi notre dignité à défendre le droit à l’éducation sans lequel aucun des droits humains fondamentaux ne peut être exercé. »

Manuela Clément-Frencia