Le programme de la deuxième chance de Pratham est conçu pour les filles qui ont abandonné l'école. Il les aide à se préparer afin qu'elles puissent réussir leur examen d’études secondaires. Ces jeunes femmes ont abandonné leurs études pour diverses raisons : la politique du « non-redoublement » c’est-à-dire le passage automatique de niveau en niveau sans que l’élève soit bien préparé à l’examen de fin d’étude ; des difficultés financières ; des problèmes familiaux ou culturels qui font de l'éducation une priorité moindre.

Partout dans le monde, et particulièrement en Inde, il n’est pas rare que l'éducation des filles ne soit pas une priorité pour les parents qui privilégient plus souvent les garçons. Cependant, en passant du temps avec les participantes du programme, il est clair que ces jeunes femmes s’émancipent et contribuent à changer les normes culturelles, ce qui a un véritable impact dans leur communauté. Elles sont porteuses d’un message clair selon lequel l’éducation des filles est un investissement dans la communauté et dans l'avenir.

Après une période de sensibilisation au sein de diverses communautés, les jeunes femmes sont encouragées à s'inscrire au cours de base quel que soit leur niveau de scolarité. Bien qu’intensif, le cours repose sur une approche pédagogique qui s’ajuste à la capacité des participantes à assimiler les bases de lecture et d'arithmétique nécessaires à la réussite de l'examen final. Certaines participantes n'étaient pas retournées à l'école depuis 40 ans et d'autres avaient abandonné leurs études au niveau primaire. Toutes avaient réussi le cours de base malgré une interruption de leurs études parfois longue.

Une fois inscrites au programme, les participantes se soutiennent mutuellement, amenant même leurs enfants en classe, se partageant ainsi la responsabilité de prendre soin des enfants des unes des autres. Le taux de réussite se situe entre 70 et 90 %.

Une histoire particulièrement marquante est celle de Sherine, une élève incroyablement brillante qui a abandonné son secondaire deux ans auparavant. La question de sa réussite au cours de base n'était pas un enjeu. Le défi était plutôt de gagner la confiance de ses parents qui était sceptique quant au programme (Des cours gratuits ? Quel est le piège ?).

Après avoir assisté à plusieurs reprises aux cours avec Sherine, son père a finalement fait confiance au programme et a laissé sa fille continuer seule. Sherine a réussi son examen d’études secondaires et a poursuivi ses études en Commerce et Économie à l'Université d'Hyderabad.

Reconnaissante de l’opportunité offerte par ce programme, Sherine dirige maintenant des classes le soir en zone urbaine où les enfants de sa communauté apprennent à lire, écrire et compter. Elle s’assure que d’autres enfants acquièrent des bases solides qui leur donneront les outils et la confiance nécessaires pour réussir. Ces enfants deviendront des modèles dans leur communauté tant pour les filles que pour leurs parents.

Selon un vieil adage, éduquer un homme, c’est éduquer un individu mais éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation. Sherine en est la preuve.

Ses parents sont fiers d'elle et fiers de ce qu'ils ont accompli collectivement pour leur communauté.